Venez visiter La Halle aux Poissons, rue Notre Dame. Accès libre – exposition permanente en hommage aux pêcheurs. A découvrir également en soirée avec un très bel éclairage. Accès libre 24/24.
Contexte : La municipalité de L’Ile-Rousse, sous l’impulsion de Toussainte Amadei Adjointe au Maire, en charge du Patrimoine, a procédé durant l’hiver 2018-19 à la rénovation de la Halle des Pêcheurs, située dans la vieille ville, rue de la Marine, actuelle rue Notre Dame, en partenariat avec l’Office de l’Environnement de la Corse. Une exposition permanente a été montée en partenariat avec la Direction du Patrimoine et la Direction de la Langue Corse de la Collectivité de Corse.
La Halle créée en 1781 était à l’origine un entrepôt commercial qui était utilisé pour le négoce de tout type de marchandises et pour leur enregistrement au départ du Port du Scalu. C’était à l’époque le seul port de L’Ile-Rousse, une cité voulue par Pascal Paoli pour contrecarrer Calvi et l’influence génoise. La Halle aux poissons est située dans le centre historique et à proximité de ses principaux bâtiments : Palais de Paoli, tour génoise, église du Scalu, enceintes fortifiées, Môle et Quai d’Orléans… Avec la création du Marché couvert en 1846, les poissonnières installeront leurs étals à proximité de ce dernier. La Halle des Pêcheurs continuera à être utilisée par les pêcheurs pour le stockage et la réparation des filets ou encore pour la fabrication de nasses. Si dès la fin du XIXème siècle des écrits attestent en son sein de la présence de l’image de Saint Erasme protecteur des marins, il faudra attendre le début du XXIème siècle pour que la Halle des Pêcheurs devienne un lieu de mémoire en leur hommage et tout particulièrement à ceux disparus en mer.
Remerciements : Les pêcheurs et leur famille pour le prêt de leurs photos personnelles, ainsi que les contributeurs photos, Sébastien Mazzi, Toussaint D’Oriano, pêcheurs, pour leurs témoignages, enregistrés et transcrits par Muriel Poli, Maître de conférences en linguistique/études corses – Université de Corte, Stéphane Pergola Stefanu Pergola, professeur de langue corse et auteur de la monographie L’Isula – Stefanu Pergola aux Editions Albiana / 2018, ouvrage de référence pour la connaissance des lieux et de la chronologie historiques de L’lle-Rousse, Laetizia Castellani, Docteur en Histoire moderne et contemporaine – Université de Corte – et auteur de « Balagne rurale : Economie et société de l’époque moderne à la fin du XIXème siècle » aux Editions Albiana / 2014, pour ses notes de conférence, Jean-Christophe Orticoni de Massa, historien, pour ses contributions historiques et la mise à disposition de l’acte fondateur de la halle commerciale, Sébastien Mazzi, pêcheur, pour la fabrication des nasses et des aiguilles à coudre les filets, Julie Martin, femme de pêcheur, pour le don de sa balance romaine « cantarettu », Josette Ricci, fille de pêcheur, pour ses contributions généalogiques, Jean Manfredi, infographiste pour la conception des panneaux, Pascal Colonna, artisan d’art, pour la réalisation du magnifique socle en fer forgé sur lequel repose le Saint, Maria Serena-Aliotti, pour la traduction en corse panneaux « Histoire » et « Traditions », Bernard Macari, photographe.
A découvrir sur place
Histoire : Au-delà de ces 254 ans d’existence, notre ville fut habitée dès le Néolithique, vers 5.400 avant JC, comme en attestent les fouilles archéologiques débutées en 1983 aux îles de la Pietra et toujours en cours. Ville prospère baptisée Agilla dans la période phénicienne, puis comptoir romain connu sous le nom de Rubico Rocega jusqu’à l’Antiquité, L’Ile-Rousse n’a pas encore livré tous ses secrets ! Fondée en 1765 par Pascal Paoli, Général de la Corse, la cité paoline ne sera administrativement créée qu’en 1826 avec l’ « accord des confins » ; Santa Reparata di Balagna cède alors 165 hectares de son territoire à L’Ile-Rousse, Munticello 66 hectares, Corbara 15 hectares et 4 hectares seront pris sur la mer. La halle aux poissons, à l’origine halle commerciale sera créée en 1781 dans le centre ancien, là où furent construites les trois premières maisons de L’Ile-Rousse.
Traditions : A L’Ile-Rousse les traditions en lien avec « les gens de la mer » se sont succédées au fil des siècles. Le culte le plus ancien est celui voué à Sant’Agata dont il ne reste malheureusement aucun vestige de la chapelle érigée en son honneur sur « L’Isola Grande », îlot principal des îles de la Pietra vers le XIème siècle. Avec l’arrivée des pêcheurs napolitains vers 1850, le culte de Sant’Agata sera supplanté par celui de Saint Erasme qui connaîtra également une baisse de ferveur au cours du XXème siècle. Depuis plusieurs années, grâce à la participation des associations culturelles, des pêcheurs et des marins professionnels ainsi que des amateurs de sports nautiques et des plaisanciers, la tradition est relancée. Les confrères de Balagne et la paroisse de L’Ile-Rousse sont les garants du respect du culte et des rites traditionnels. En 1740, l’érection de l’église du Scalu, réaffirme la place centrale occupée par ce quartier dans la fondation et le développement urbain de la cité paoline au cours du XVIIIème siècle.
Témoignages : La modernisation de la pêche et le déclin de la pratique vernaculaire du corse ont naturellement entraîné une perte en terme de savoir-faire et de lexique propres aux pêcheurs. Il en est ainsi pour tous les corps de métier. La conservation du patrimoine immatériel et sa transmission aux générations actuelles et futures par l’enregistrement et la transcription littérale de témoignages permettent de réaliser un travail de mémoire. Les paroles des pêcheurs lisulani en l’occurrence celles des anciens décrivent les modes de vie des pêcheurs et de leurs familles au XXème siècle tout comme le lien étroit que ces hommes ont tissé avec leur milieu. Elles nous rappellent l’importance de cette activité économique pour notre cité et pose les bases d’une réflexion sur la préservation de la biodiversité marine.