« Les cimetières sont pour les vivants, pour ceux qui aiment à se souvenir de leurs morts…
Ils sont aussi le reflet d’une société, de ses modes et de ses croyances. »
Un peu d’Histoire…
Le premier Cimetière d’Ile Rousse, ville créée en 1765 par Pascal Paoli, a été aménagé sur la route de Calvi entre Fornole et le quartier Fecciaja supranu. Il ne datait que de 1791 car la commune avait dû attendre d’être une Paroisse pour pouvoir ériger son propre cimetière ; auparavant seuls les « Membres de la Société Pieuse de l’Immaculée Conception » pouvaient se faire enterrer dans les caveaux de la petite Eglise du Scalu aujourd’hui disparue et qui était située près du môle actuel. Cette église disposait de deux « depositi » : « deposito degli uomini » et « deposito delle donne ». Les autres défunts étaient enterrés dans les cimetières ou les couvents des villages voisins (Monticello et Santa Reparata) d’où ils étaient généralement originaires.
De ce cimetière d’abord agrandi en 1810, abandonné en 1863 pour le cimetière dans lequel vous vous trouvez, il ne subsiste plus aujourd’hui que cinq très belles et imposantes chapelles et une sépulture plus modeste, édifiées par les premières grandes familles établies dans la cité.
Notre cimetière … depuis 1863
Quand sous le Second Empire, en 1863, l’extension de la cité de l’Ile Rousse nécessita la création d’un nouveau cimetière – le premier étant devenu trop petit – la municipalité et son maire Sébastien Piccioni optèrent pour un terrain plat au lieu dit « Fecciaja » ; ce terrain présentait l’intérêt d’être à l’extérieur de la ville, comme la loi l’exigeait mais aussi à une distance raisonnable qui permettait à la population de suivre les convois funéraires à pied.
Le plan de ce nouveau cimetière est celui d’une imposante « croix latine » délimitée par de hautes murailles, alors que les allées intérieures dessinent une « croix d’Anjou » appelée aussi « croix de Lorraine » : la croix d’Anjou, était à l’origine, un reliquaire qui contenait un fragment de la vraie Croix.
Plantés lors de la construction du cimetière, les cyprès, aujourd’hui plus que centenaires, bordent les allées principales, ils contribuent à créer une sensation de paix et inspirent respect et recueillement.
Quand vous entrez dans le Cimetière, en suivant l’allée centrale (photographie n°1), vous avancez d’Est en Ouest : c’est la trajectoire du Soleil de son lever jusqu’à son coucher, mais c’est aussi la représentation symbolique de toute Vie humaine, de la naissance à la mort.
Dans ce cheminement, vous êtes accompagné par les tombeaux de tous ceux qui nous ont précédés ; ainsi s’établit un lien de continuité entre les générations des différentes époques.Au centre du cimetière, à la croisée des deux allées principales, la sépulture des premiers prêtres de la paroisse (photographie n°2), en granit surmontée d’une croix en fonte, est un hommage de la cité aux pasteurs qui ont eu charge d’âmes, certains durant plusieurs décennies…
Tout au bout de l’allée, adossée au mur ouest la Vierge qui vous ouvre les bras (photographie n°3), domine les tombeaux des « Filles de Marie Immaculée », ces religieuses cloitrées qui ont dispensé le savoir et la bonne éducation à plusieurs générations de jeunes filles de Balagne et de bien au-delà.
Cette statue est une manière de rappeler aux Chrétiens que Marie est l’intercesseur privilégié « Priez pour nous maintenant et à l’heure de notre mort… »
Durant presque un siècle, la disposition des trois allées a circonscrit six espaces : aujourd’hui six secteurs, de A à H, regroupant près de 700 tombeaux familiaux numérotés, leur emplacement et les noms des propriétaires sont répertoriés et affichés à l’entrée du cimetière ; dans ces espaces, on portait en terre les défunts les plus démunis de la commune.
Des chapelles souvent remarquables (photographie n°4), d’inspiration néo-classique ou baroque s’élevaient pour les plus aisés le long des allées leur donnant ainsi un cachet exceptionnel tandis que des tombeaux plus modestes (photographie n°5) s’alignaient contre les murs d’enceinte.
Parmi les cinq plus anciennes sépultures, on peut remarquer celle qui abrite les restes mortels du seul maire de l’Ile Rousse assassiné dans sa ville au cours de son mandat en 1893, Achille Blasini (tombeau D).
Deux autres tombeaux de jeunes gens, en pierre (photographie n°6), typiques du XIXème siècle ont été construits par des familles du continent dès 1866 et 1870 pour leurs enfants venus du Nord de la France pour travailler en Corse dans l’Administration (section D).Ils demeurent un témoignage de l’architecture de cette époque.
L’évolution du niveau de vie de la population a développé le désir d’acquérir des concessions familiales si bien que de nouvelles allées furent créées dans ces différents espaces et l’alignement des tombeaux a été respecté. Ainsi l’agencement voulu par les premiers concepteurs a-t-il été à peu près sauvegardé…
Lorsque vers 1990, il a fallu agrandir ce cimetière devenu trop petit, la commune a dû acquérir une partie de la vigne attenante ; à cause de la configuration du terrain la disposition des sépultures n’est pas très régulière mais il en ressort néanmoins aujourd’hui une belle harmonie. Nécessité faisant loi, une extension importante est en cours d’aménagement pour 2016.
Enfin, pour répondre à une demande croissante des familles un Columbarium et un Jardin du Souvenir ont été intégrés avec bonheur à l’entrée du cimetière, à droite. Ils devront être eux aussi agrandis prochainement.
Le fleurissement du cimetière a donné à tous l’envie d’entretenir et embellir leurs concessions.
L’Ile Rousse avec son Eglise puis ses différentes municipalités a toujours eu le souci de ses nécropoles. Et si l’on juge comme il se dit une société à sa façon d’honorer ses morts alors tout espoir est permis pour les Ile-Roussiens….
Familles, visiteurs, nous souhaitons que vous ressortiez de notre cimetière avec un sentiment d’apaisement et de sérénité….
Extrait du panneau de signalétique installé au cimetière